Ce soir, j'ai relu à Fleur un album de Claude Ponti, auteur-illustrateur d'albums pour enfants que j'adore moi-même depuis très longtemps, pour tout dire, depuis la sortie de l'album Okilélé, acheté pour mon fils aîné en 1993.
L'univers poétique et drôle de Claude Ponti est si inventif que les illustrations constituent à elles seules une histoire parallèle : elles n'ont pas pour seule fonction d'illustrer le texte, mais il faut y chercher de nouvelles péripéties et des clés de compréhension. Et puis les textes sont de véritables bijoux de créativité et de poésie. Par exemple, dans la maison du petit Oups, vivent les Blayettes et les Bouchanourrirs. Les pauvres vont être victimes du nouvel ami d'Oups...
L'histoire
Oups, un petit bonhomme mi-lutin mi-écureuil qui a toutes les caractéristiques physiques des personnages de Claude Ponti, trouve au grenier un Doudou "tout plat, tout triste et tout abandonné au fond d'un coffre". Après avoir rempli le Doudou avec des plumes, Oups se réjouit d'avoir un nouvel ami "qui ne le quittera jamais". Mais très vite, le Doudou commence à donner à Oups de "mauvaises bonnes idées" (j'adore !) et ce dernier accumule de si grosses bêtises qu'elles vont finir par mettre en danger Migou-Louyou, un autre petit lutin du village, enlevé par un monstre hideux à la carapace de crabe, un monstre pêcheur d'enfants redouté des villageois et nommé Grabador Crabamorr. Oups et le Doudou sont alors chassés, mais les bêtises ne s'arrêtent pas pour autant et on voit bien sur le visage du Doudou des rictus de plus en plus perfides. Cela va si loin que, lors de ce voyage initiatique forcé, le monde lui-même finit par exploser suite à la violente bagarre des montagnes !
" Elles se démolissent, s'écrabousillent, s'emmeurtrissent, se concassassinent. Elles explosent. Et le monde entier explose avec elles."
Heureusement pour le monde et les petits lecteurs, l'histoire finit bien comme dans les contes - d'ailleurs, l'histoire suit le schéma narratif du conte traditionnel. Oups finit par trouver la raison pour laquelle le Doudou était devenu si méchant et manipulateur...
Les impressions de Fleur (et les miennes)
Fleur, 4 ans et demi, a été captivée par cette histoire. Je l'ai vu à son air effaré devant les bêtises du petit personnage sous l'influence de son Doudou, à sa façon de réfléchir au problème et d'imaginer des solutions face à l'accumulation de catastrophes. Finalement, pour elle, "Oups devrait vider le Doudou", ce qui n'est pas faux puisque les ennuis ont commencé après qu'il a été rempli de plumes.
C'était formidable de discuter avec elle pendant la lecture, de l'écouter commenter et me dire qu'elle n'en voudrait pas, elle, d'un Doudou aussi méchant.
Claude Ponti (Photo : francetv.fr)
Les albums de Claude Ponti sont de véritables oeuvres car, outre la qualité des textes et des illustrations, ils suscitent une vraie réflexion.
Par contre, je lui avais lu cet album lorsqu'elle était plus petite, mais elle n'en avait pas saisi la portée, les différents degrés. Alors, 4-5 ans, c'est vraiment le bon âge pour commencer à découvrir le petit monde de Claude Ponti, avec le soutien d'un adulte cependant, pour attirer l'attention sur tel ou tel détail au cours de la lecture sans quoi l'enfant risque de passer, encore à cet âge, à côté de l'histoire. Il a fallu que je grossisse le trait, en jouant avec le ton de ma voix, que je lise avec entrain donc, mais assez lentement pour lui laisser le temps de bien observer les dessins.
Lire Le Doudou méchant, ce fut une occasion d'échanges passionnants et un excellent moment de lecture pour elle comme pour moi.
Belle lecture !
Je publie cet article dans le cadre du Challenge de Herisson Je lis aussi des albums. C'est ma deuxième participation, mon objectif étant de lire/relire et chroniquer dix albums d'ici le 31 décembre 2012. On y croit !